Colloques organisés

Colloque « Mythe : théories d’un concept controversé »

Octobre 2022

Mito y emociones

 

Présentation

Le VIIe Congrès International de Mythocritique «Mythe : théories d’un concept controversé» est une initiative du Projet de Recherche «Aglaya», financé par la Communauté de Madrid et le Fonds Social Européen, d’«Acis», Groupe de Recherche en Mythocritique, d’«Asteria», Association internationale de Mythocritique et d’«Amaltea», Revue de Mythocritique. Il s’est tenu du 25 au 28 octobre 2022, en présentiel et en ligne à l’Université Complutense de Madrid.

 

Mémoire scientifique

La bibliographie sur les interprétations des récits mythiques est immense : mythes gréco-latins dans les romans et les films d’aventure, adaptations des mythes celtes, nordiques ou slaves au cinéma, dans les séries télévisées et les bandes dessinées, relations entre mythes orientaux et occidentaux… Logiquement, la liste est sans fin et surabondante par rapport à la bibliographie (également considérable) sur les théories du mythe. Néanmoins, il faut faire face à la difficulté d’abstraire des critères généraux. Repenser la définition et la théorie du mythe nécessite de le dépouiller de tout conditionnement spatial, temporel ou conjoncturel. Ce n’est que sur cette base qu’il sera alors possible d’appliquer le label « mythique » à telle ou telle histoire.

Divers facteurs caractéristiques de notre société contemporaine (le phénomène de la mondialisation, les dogmes du relativisme, la logique de l’immanence) rendent la définition du mythe encore plus difficile, tant pour le public non spécialisé que pour les chercheurs universitaires. En effet, la réflexion académique n’a pas échappé à l’ambiguïté contemporaine sur le mythe : dans le sillage de grands psychanalystes, sociologues ou idéologues, de nombreux chercheurs en littérature – parfois par une application impropre des postulats de ces disciplines – adoptent dans leurs travaux certaines conceptions du mythe qui risquent d’être confondues exclusivement avec des sublimations individuelles, des déformations sociales ou des tendances politiques. Même le public non spécialisé et le sensationnalisme de la presse aiment à qualifier de « mythiques » de nombreux sophismes : le terme « mythe » donne de la grandeur à tout événement et confère une aura cultivée à tout orateur.

À ces difficultés épistémologiques s’ajoute la confusion qui règne entre les différents corrélats de l’imaginaire : les études abondent qui abordent sans distinction les domaines de l’ésotérisme, de la fantaisie, de la science-fiction et de la mythologie ; et l’on manque d’études cohérentes qui dissipent le flou et fournissent des distinctions sur ces corrélats de l’imaginaire.

Tous ces problèmes appellent une série de réflexions fondées sur une notion cohérente du mythe : objet, émergence, conditions et fonction. Cela sera très utile aux chercheurs pour pouvoir aborder correctement une interprétation des récits mythiques, qui n’impose pas au préalable aux textes ce que l’on veut y découvrir. D’où les questions auxquelles, entre autres, le 7e Congrès international de mythocritique se propose de répondre.

Colloque « Mythe et science-fiction »

Octobre 2020

Mito y emociones

 

Présentation

Le VIe Congrès International de Mythocritique «Mythe et science-fiction» est une initiative du Projet de Recherche «Aglaya», financé par la Communauté de Madrid et le Fonds Social Européen, d’«Acis», Groupe de Recherche en Mythocritique, d’«Asteria», Association internationale de Mythocritique et d’«Amaltea», Revue de Mythocritique. Il s’est tenu du 27 au 30 octobre 2020, en présentiel et en ligne à l’Université Complutense de Madrid.

 

Mémoire scientifique

Un truisme: le mythe et la science-fiction sont d’étranges coéquipiers. Comme toutes les revendications audacieuses, celle-ci a son but: marquer le terrain; de même, comme toute déclaration finale, elle doit être nuancée. Le mythe et la science-fiction tentent d’expliquer le monde, donnent des réponses aux questions sempiternelles: l’origine de la vie et la cause de la mort. Mais les explications ne suffisent pas à l’humanité: elle veut aussi porter des jugements d’approbation ou de condamnation. Le mythe comme la science-fiction projettent des contradictions dans des circonstances inédites à des fins d’adhésion ou de dénonciation. Compte tenu de la capacité projective de notre imagination, nous proposons des scénarios improbables qui nous permettent de voir les conséquences d’une situation future avec de nouveaux éclairages.

Comme le mythe, la science-fiction a incorporé l’angoisse de notre temps dans sa distribution thématique. Des romans et films célèbres du genre ont abordé les appréhensions contemporaines: une catastrophe nucléaire aux conséquences incalculables («Godzilla»), la nécessité d’émigrer vers des colonies spatiales («Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques?»), ou la peur des dérives d’un usage contestable de la science («The Island»).

On retrouve ici un autre point de confluence entre mythe et science-fiction. Les récits mythiques proposent des situations démesurées et des conséquences d’excès. Depuis le début de la révolution industrielle, ces scénarios extraordinaires ont été largement représentés par la science-fiction. Il semble que l’avancée imparable de ce genre menace l’existence du mythe. Cette tentative d’usurpation est parallèle à la progression exponentielle des avancées de la science empirique.

Où commence et où finit le mythe, jusqu’où va la science-fiction, quel est le sens des croisements entre les deux types d’histoires? La question clé, comme toujours, est de s’arrêter et d’analyser le type de transcendance dans chaque cas, les critères solides pour identifier et distinguer mythe et science-fiction.

 

Conference « Myth and Audiovisual Creation »

October 2018

Myth and Emotions

Presentation

The V International Conference on Mythcriticism « Myth and Audiovisual Creation » is an initiative of the Acis&Galatea Research Program, funded by the Community of Madrid and the European Social Fund. The Conference will be divided into 4 venues according to its different themes: « Germanic Myths » at the Universidad of Alcalá, « Classical Myths » at the Universidad Autónoma, « Biblical Myths » at the Universidad Francisco de Vitoria and « Modern Myths » at the Universidad Complutense.

Acis, Grupo de Investigación de Mitocrítica, main group of the Acis&Galatea Research Program, collaborates with other participant groups in the conference, and counts with the usual collaborations of Asteria, Asociación Internacional de Mitocrítica and Amaltea, Revista de Mitocrítica in order to carry out the Conference, that was held from the 15th tothe 26th October 2018. In the Conference there were held many parallel activities, such as concerts, projections, film debates and and art exhibition in the room « El Águila ». 

 

Scientific Objectives

Image and sound: two of our five external senses are called into play.

As far as our Conference is concerned, we reduce the immense variety of images to a typology: the more traditional ―the image that represents an expected reality― and the more innovative, the image represented by a series of unforeseen associations with no real previous referent. Both images coexist in our imaginary world, and both can replicate (for example in a drawing, a painting, a sculpture) in the real world. We call it visual creation when, in the latter case, an image is coupled with an artistic dimension.

The same observation can be made about the immeasurable variety of sounds, with the peculiarity that sound only exists in the real world, save a few exceptions (some with a pathological origin). This “lack” of sound is compensated by the richness of the voice and by using utensils –or instruments, in the case of art– to generate noises. As with images, we call it audible creation when the generation of sounds is coupled with an artistic dimension.

As if led by the hand, this preliminary observation brings us to the Aristotelian principle of mimesis, that is, human creations (literature, visual, visual arts, and entertainment) as imitation, even when what is depicted does not seem to resemble the model. To a large extent, audiovisual creation is a re-creation of the world from images and sounds.

Audiovisual creation has undergone a spectacular change since the early 20th century: traditional forms (drawing, painting, sculpture, etc.) are now joined by cinema, whose exponential growth requires no explanation.

However, we have witnessed a new revolution since the turn of the century that entails an even greater change in terms of the standardization of content and the versatility of formats. Before, audiovisual creation had to adapt itself to the format: the drawing or the sound, crafted by hand, were retouched and put together later with digital resources. Since the digital revolution, the format easily adapts to the audiovisual creation: drawing, painting, sculpture, architecture, dance, theater, opera, cinema, video games, performances, installations and other genres are unthinkable without the support of digital resources.

Cinema –the Seventh Art– has always been intimately tied to technological advances. However, the digital revolution carries more weight than the historical incorporation of sound, color, and television, comparable only to the advance from writing on stone to writing on wood, from wood to paper and from the manuscript to the printing press. The obsolescence of traditional media demands a continuous reinvention of classic processes (production, distribution, and exhibition). It is changing the way films are produced, distributed and marketed. This profound transformation is clearly perceptible in the emergence of a new market for the exploitation of audiovisual content (internet and mobile devices), the emergence of a new consumer profile (digital natives), and the democratization of the means of production (cameras, digital editors, post-production software).

Digital technology’s impact on the process of “making” a film is obvious: it has made it possible to expand the boundaries of creativity and verisimilitude. The digitization of image and sound has created virtual characters that look irresistibly and plausibly real (Gollum in Peter Jackson’s The Lord of the Rings trilogy, 2001-03; the Na’vi in James Cameron’s Avatar, 2009) on both the big screen and other forms of audiovisual consumption (home TV, smart TV, HD and 3D). These technological advances have also brought forward a paradigm shift in production and distribution: the massive corporations that used to control the entire sector have been forced to make way for the internet, a platform that dissolves boundaries in favor of independent film (Paranormal Activity, Oren Peli, 2007). The versatility of digital media has clearly changed every aspect of audiovisual creation.

This transformation in cinema also affects video games. The reason lies, to a large extent, in the way in which computer communication works. Traditionally, when we produce a text, image or sound we use a traditional alphabetic, iconic or musical code. A second type of codification emerged during industrialization: with the typewriter, we could press a key with a finger to activate a mechanism that pressed a band impregnated with ink on paper. However, the computer age required a third code: the digital system processor (computer, game console, mobile, etc.) translates our keyed or tactile message into a programming language that is subsequently decoded into text, images or sounds. Thus, we use a keyboard or the screen to control the movements of characters in a video game: machine and programs are integrated in a single support. Since these numerical encryption and decryption processes are unperceivable, errors take us by surprise: we confuse the tool (the electronic apparatus) with the transmission of language (the programming code) and mistakenly think that we are the authors of the entire process. Hence the fascination with computing and, consequently, its commercial success.  The gamer is part of the “miracle”, until now only imagined, using a simple manual or tactile gesture to intervene in the adventures where until now he was merely a spectator.

 

Colloque « Mythe et émotions » 

Octobre 2016

Mito y emociones



Presentation

Le 4e Colloque international de Mythocritique “Mythe et émotions » a vu le jour grâce aux efforts communs d’Asteria, Asociación Internacional de Mitocrítica, Amaltea, Revue de mythocritique et Acis, Grupo de Investigación de Mitocrítica du Projet Acis&Galatea.

Le Comité organisateur du Colloque a fait appel à des chercheurs afin qu’ils apportent — via une réflexion théorique ou une analyse textuelle — leurs méthodes et leurs contributions pratiques sur la question de la relation entre le mythe et la logique des émotions en littérature et dans les arts contemporains depuis 1900.

 

Proposition scientifique

Le Colloque international de Mythocritique « Mythe et émotions » a mené à bien une réflexion profonde et actuelle sur les relations entre la mythologie et les émotions. Pour ce faire, le Colloque a réuni des chercheurs de renommée internationale et des chercheurs en cours de formation, afin qu’ils apportent, par une réflexion théorique, une analyse textuelle ou une présentation de manifestation artistique, des principes méthodologiques et des applications pratiques capables d’établir des critères d’interprétation sur les relations entre le mythe et les émotions dans la littérature et les arts contemporains.

Les avancées dans la connaissance de la pensée et la psychologie révèlent des éléments qui, durant des siècles, ont été ignorés. À l’époque contemporaine, les chercheurs les plus éminents ont montré que nos comportements ne dépendaient pas moins de raisons émotionnelles que rationnelles. En outre, un des phénomènes les plus évidents aujourd’hui consiste en l’exécution d’actes sur simple impulsion émotionnelle. Aujourd’hui plus que jamais, les individus réagissent selon des pulsions, le plus souvent imprévues. Les annonces publicitaires, qui promettent rationnellement autre chose que le produit en vente, s’appuient indubitablement sur notre comportement impulsif, qui est devenu aujourd’hui un stéréotype de la société de consommation.

C’est pourquoi, aujourd’hui, des disciplines comme la psychobiologie s’impliquent dans la recherche de la nature des émotions : comment elles se produisent ?, que signifient-elles ?, comment parviennent-elles à modifier la logique rationnelle ? Les spécialistes se rejoignent sur plusieurs principes concernant les émotions : a) l’existence et la perception d’un événement antérieur ; b) les manifestations psychosomatiques intenses, passagères et reliées entre elles ; c) la distinction (avec attirante et rejet) entre l’aspect agréable et désagréable. L’émotion — dans son interaction avec les sentiments, les états d’âme et les affects — configure en grande partie notre réponse au monde et nos motivations. Elle nous donne de l’énergie et dirige notre comportement intime et social.

Le mythe ne peut rester à la marge d’une telle réflexion. Les membres du colloque ont adopté, comme hypothèse de travail, cette définition : « récit explicatif, symbolique et dynamique, composé d’un ou de plusieurs événements extraordinaires mettant en scène un personnage doté d’une transcendance, qui n’a pas de point d’ancrage historique, se compose d’invariants thématiques qu’une crise vient bouleverser, présente un caractère conflictuel, émotif, fonctionnel, rituel et se réfère toujours à une cosmogonie ou à une eschatologie absolues, particulières ou universelles ». L’émotion suscitée par le mythe donne le cadre fondamental de recherche du Colloque. Cette définition a été articulée à d’autres définitions moins canoniques pendant le Colloque, fruit de la mythification de personnages, de lieux et d’événements historiques.

La mythocritique doit s’intéresser à la description et à l’analyse des trajets où la rhétorique de la psychologie individuelle et sociale rencontre la pratique culturelle des mythes. Ainsi, les études sur la mythologie doivent indiquer le recours à la logique émotionnelle et les conséquences de la relation empathique dans les récits mythiques (dimension cathartique). Elles doivent également souligner le parallélisme entre « l’origine émotionnelle » et le « destin émotionnel » (dimensions cosmogonique et eschatologique). Enfin, elles doivent étudier les relations entre l’émotion, le mythe, le sinistre et le fantastique.

Ce colloque a eu pour ambition, en somme, de proposer une étude, la plus large et la plus exhaustive possible, qui apporte des règles et des modèles capables d’interpréter le phénomène mythico-émotionnel. Sa mise en pratique a été d’une grande aide pour comprendre et aider à comprendre une bonne partie de la littérature et de l’art de la modernité et de la postmodernité, de même que la culture et la pensée de notre société actuelle.

Outre les conférenciers invités, ont participé au colloque 165 chercheurs venant de 60 universités et 22 pays différents.

Interview: Radio Nacional de España, “El ojo crítico” (24/10/16).

Colloque « Mythes en crise. La crise du mythe »

Octobre 2014

Mitos en crisis. La crisis del mito

Presentation

Le Colloque international « Mythes en crise. La crise du mythe » a vu le jour grâce à l’initiative du Projet National d’Investigation I+D « Nouvelles formes du mythe : une méthodologie interdisciplinaire », du Groupe d’Investigation en Mythocritique ACIS, d’Amaltea, Revue de Mythocritique et d’Asteria, Association internationale de mythocritique.

Le Comité organisateur du Colloque a fait appel à des chercheurs afin qu’ils apportent — via une réflexion théorique ou une analyse textuelle — leurs méthodes et leurs contributions pratiques sur la question de la crise des mythes antiques, médiévaux et modernes dans la littérature et les arts contemporains.

 

Proposition scientifique

Est-il vrai que, production culturelle, le mythe naisse, se développe, se reproduise et meure ? Chaque étape de cette série peut constituer un objet de recherche à part entière. Sans aucun doute, les mythes naissent, se développent et se reproduisent. Dans ce colloque, nous avons voulu analyser si, à notre époque — (XXe et XXIe siècle) —, les mythes meurent ou s’adaptent, nous avons voulu définir las conditions de l’adaptation des mythes, leur évolution et comprendre si leur crises peuvent engendrer leur renaissance ou leur mort.

Plusieurs circonstances expliquent la crise des mythes. Dans certaines occasions, l’espace socioculturel se modifie jusqu’à exiger une modification dans le contexte général du mythe. Ainsi, l’ange traditionnel de la culture occidentale continue de représenter un messager qui accompagne les hommes. Cependant, les caractéristiques propres à l’ange chrétien sont remplacées par des caractéristiques propres à notre époque : les anges d’aujourd’hui sont des êtres sexués, en parfait accord avec le phénomène de la Nouvelle Ere (New Age) et ils revêtent, surtout, une dimension esthétique.

Nous pouvons en dire autant, par exemple du mythe du Graal, calice eucharistique par antonomase : face à la crise actuelle du sacrement qui octroie l’immortalité de l’âme, le vase sacré devient une garantie d’immortalité exclusivement terrestre. C’est un remède contre les blessures physiques, un prétexte pour chercher le père perdu (Steven Spielberg, Indiana Jones et la dernière croisade, 1989) et, même pour obtenir une chaire UNESCO de critique littéraire (David Lodge, Small World : An academic Romance, 1984).

Les mythes peuvent également entrer en crise en raison d’un changement fondamental de l’histoire. Il suffit de prendre l’exemple du Commandeur dans le mythe de Don Juan : aujourd’hui, les commandeurs n’existent plus. À ce problème, s’ajoute la perte du caractère vraisemblable d’une statue mobile, attraction de premier ordre au XVIIe siècle. Max Frisch (Don Juan, oder die Liebe der Geometrie, 1953), Henry de Montherlant (La Mort qui fait le trottoir. Don Juan, 1956) ou Heinz Weinmann (Don Juan 2003. Éros et Sida, 1993) résolvent, chacun à leur manière, la question du Commandeur dans la littérature du XXe contemporaine. Ce mythe est, en outre, extrêmement dramatique ; il fallait d’étudier comment la crise du théâtre le touche face à l’apparition du cinéma.

Il peut même arriver que la crise soit un aspect essentiel du système mythique. Pensons, par exemple, au mythe de la création humaine : Pygmalion. Dans les Métamorphoses d’Ovide, le sculpteur observe, ébloui, comment sa statue en marbre s’attendrit jusqu’à adopter le corps flexible d’une femme. Dans la pièce de Bernard Shaw (Pygmalion, 1913), le professeur Higgins parvient à instruire la fleuriste Eliza Doolitle, non sans passer par une crise amoureuse. Les différentes versions cinématographiques (Pygmalion, 1938, d’Anthony Asquith et Leslie Howard, la comédie musicale My Fair Lady, 1964, de George Cukor, et Simone, 2002, d’Andrew Nicol), insistent sur l’impossibilité de cet amour. Nous avons oublié en grande partie le mythe ovidien ; le mythe s’est adapté à la conception contemporaine de l’amour.

Le mythe de Frankenstein, c’est-à-dire celui du docteur qui fabrique des hommes, est intimement lié à celui de Pygmalion. Il avait surgi en littérature grâce à Frankenstein, or the Modern Prometheus de Mary Shelley (1818). Aujourd’hui, il connaît de nombreuses adaptations cinématographiques ; dans la plupart, le héros est la proie de son destin : le monstre ne peut pas survivre à son créateur (par exemple, Frankenstein, 1994, de Kenneth Branagh). De telles apories rendent possibles d’autres créations contemporaines, comme le cyborg ou l’androïde : leur impossibilité à vivre les fait entrer, tôt ou tard, en crise (exemple : Michael Jackson).

Enfin, la crise peut toucher un groupe déterminé de mythes à l’intérieur d’un système mythique précis. Les peuples germaniques ne croyaient ni en l’éternité du monde ni, par conséquent, en celle de leurs dieux. Comme les hommes, leurs divinités étaient soumises à une lutte incessante contre des ennemis malins et jaloux. Le « crépuscule des dieux » suppose ainsi une catastrophe à laquelle n’échappent pas Freyr, Thor, Loki o Tyr. D’autres les remplacent. Dans ce cas, la crise n’est pas à proprement parler littéraire : au contraire, la mort et la renaissance des dieux font la littérature. Ce sont des ressorts pleinement littéraires. Mais cette dynamique du mythe germanique a des implications dans ses manifestations dans la culture actuelle, si étrangère au concept d’éternité.

En marge de la question des mythes en crise, il y a cette autre question : la crise du mythe. Elle se pose avec une acuité particulière aux XXe et XXIe siècles, puisque les mythes ne constituent plus le ressort principal de l’intrigue — comme aux siècles classiques – ni son complément idéal — comme pendant le Romantisme —. Un exemple évident : après Claude Simon, le Nouveau Roman rejette la dimension mythique pour détruire les bases du roman traditionnel. Les mythes, en principe, disparaissent. Il convient de préciser, cependant, que le Nouveau Roman laisse simultanément, et discrètement, réapparaitre le mythe à travers des formes géométriques ou la rencontre des contraires. Pour le vérifier, il suffit de penser aux recréations du mythe d’Œdipe dans Les Gommes d’Alain Robbe-Grillet (1953) ou de Thésée et du labyrinthe de Crète dans L’Emploi du temps de Michel Butor (1956).

Ces exemples ne servent qu’à illustrer en partie la question des « mythes en crises, la crise du mythe ». Chaque proposition a été abordée avec une grande liberté académique et méthodologique. Les intervenants n’ont été tenus de respecter que la période (XXe et XXIe siècles), la discipline (la littérature, les arts plastiques et les arts du spectacle) et le mythe comme thème central de chaque étude.

Colloque « Mythe et interdisciplinarité »

Octobre 2012

Mito e interdisciplinariedad

Presentation

Le Colloque International Mythe et Interdisciplinarité a pu voir le jour grâce aux efforts conjoints du Projet de recherche « Anthropologie mythique contemporaine », d’ACIS, Groupe de Recherche en Mythocritique, d’Amaltea, Revue de mythocritique et d’Asteria, Association Internationale de Mythocritique.

Le Comité organisateur du Colloque a fait appel à des chercheurs afin qu’ils apportent — via une réflexion théorique ou une analyse textuelle — leurs méthodes et leurs contributions pratiques quant à la présence des mythes antiques, médiévaux et modernes en littérature et dans les arts contemporains. A été également abordée la question contemporaine des mythes transmis à travers les moyens de communication et les nouvelles technologies de l’information.

 

Proposition scientifique

Au cours de l’histoire, les mythes ont été des références essentielles pour l’expression artistique et culturelle des peuples. Ils ont évolué de conserve avec les changements intellectuels, politiques et sociaux. De fait, les mythes se transforment, en témoignent les modèles évolutifs et les résurgences de la pensée mythique, sous forme poétique, idéologique, utopique. En raison de cette transformation, nous pouvons parler de mythes antiques, médiévaux, modernes et même contemporains, mythes dominants et mythes héréditaires, mythes de tradition oral ou écrite, mythes explicites et implicites, comme nous pouvons parler de variations culturelles, historiques et d’actualisations des mythes.

Les chercheurs ont observé que les mythes traditionnels sont le point de départ indispensable de nombreux récits littéraires et de nombreuses productions artistiques. Pendant le XXe siècle, ces récits et productions ont montré combien ils pouvaient s’éloigner de la version originale, tant par la fréquentation d’autres cultures (le phénomène de la décolonisation) qu’en raison de réécritures propres à l’évolution sociale. Aujourd’hui, ces tendances à la transformation perdurent : Perceval poursuit sa quête, non celle du Graal, cependant, mais celle d’une jeune femme (Lodge, Small World, 1984), et les vampires n’ont plus d’origines diaboliques (Meyer, Twilight, 2007). Dans les arts plastiques, des statues du cyclope Polyphème sont érigées, mais les enfants peuvent se promener tranquillement dans ses entrailles (Jean Tinguely & Saint Phalle, Le Cyclop, 1969-1994). En photographie, on reproduit des Belles au bois dormants, mais elles ressemblent à s’y méprendre à des vedettes du sport (Sam Taylor-Wood, Beckham, The Sleeping Beauty, 2004). Le cinéma se sert des lacunes historiques des biographies pour accroître, diminuer ou subvertir le caractère mythique des protagonistes (S. Bondarchuk, Waterloo, 1970; O. Hirschbiegel, Downfall, 2004; Z. Snyder, 300, 2007 ; B. Singer, Valkyrie, 2008).

Jusqu’à aujourd’hui, surtout depuis le XXe siècle, les divers courants méthodologiques de la mythocritique avaient procédé à l’identification des mythes au sein des productions littéraires et artistiques de chaque époque ou à la présentation de la permanence des mythes parmi les nouvelles tendances des courants littéraires et artistiques. Le point de vue choisi était éminemment synchronique ou diachronique et, en général, limité à un seul mode d’expression littéraire ou artistique. Bien sûr, la mythocritique expliquait le sens des mythes à partir de leur fonction dans les textes et dans les œuvres d’art, mais elle n’approfondissait pas les raisons pour lesquelles les mythes pouvaient se transmettre via différents médias. Aujourd’hui, les mythes sont diffusés à travers des supports multiples, dont chacun d’eux a été traditionnellement étudié par un champ disciplinaire unique. L’objectif principal de ce colloque a consisté à déchiffrer les raisons de la plasticité singulière du mythe et son usage interdisciplinaire. En second lieu, le colloque a analysé les conséquences de la prolifération de nouveaux supports. Aujourd’hui, dans le panorama de la recherche, il n’existait pas encore de réflexion méthodique et définitive qui réunisse des critères autour de la combinaison et de la présentation interdisciplinaire des mythes dans la culture contemporaine. Une étude qui donne des règles et des modèles concrets pour interpréter ce phénomène était nécessaire. Sa mise en pratique sera d’une grande aide pour comprendre et aider les chercheurs, enseignants et étudiants à comprendre les manifestations de la postmodernité et la culture de notre société actuelle.

Colloque « Mythe et subversion dans le roman contemporain »

Mars 2011

Mito y subversión en la novela contemporánea

Presentation

Le Colloque « Mythe et subversion dans le roman contemporain » a été le fruit d’efforts communs du Projet de Recherche « Anthropologie mythique contemporaine », d’ACIS, Groupe de Recherche en Mythocritique et d’Amaltea, Revue de Mythocritique.

Le comité organisateur du Colloque a voulu faire appel à des chercheurs de renommée internationale afin qu’ils apportent, via une réflexion théorique, une analyse textuelle, ou la présentation d’une manifestation artistique, leurs méthodes et leurs applications pratiques pour établir des critères d’interprétation sur la subversion du mythe dans le roman et dans les arts contemporains en relation étroite avec le roman.

 

Proposition scientifique

De manière discrète ou évidente, les mythes ont toujours occupé un espace important dans le roman. La critique cherche à les identifier et expliquer sa fonction et son sens dans la structure des textes. De même, la subversion a été un ressort commun des écrivains, pour tous les genres littéraires, bien que cela soit peut-être plus patent pour le roman, en raison de sa plus grande plasticité.

L’articulation du mythe et de sa subversion dans le roman contemporain attirent l’attention des chercheurs et des étudiants. Plusieurs raisons expliquent cette alliance : la prédominance du positivisme dans la pensée du mythe, une évolution du sens de la transcendance ou la recherche de nouveaux procédés formels, étrangers à ceux utilisés communément par le discours mythologique traditionnel. À ces raisons scientifiques, anthropologiques et linguistiques, s’ajoute le phénomène d’une frénésie de mythes éphémères : notre époque a une capacité inédite à créer et détruire des mythes dans un laps de temps surprenant (par exemple, les vedettes de cinéma, du sport, les marques de luxe ; cette prolifération de nouveaux mythes engendre sa propre subversion. Lituma dans les Andes, de Vargas Llosa, ou Le Chevalier inexistant d’Italo Calvino, sont des exemples typiques de subversion contemporaine des mythes. Mais, au-delà de ces transformations des mythes antiques, médiévaux et modernes, les membres du colloque ont analysé les mécanismes, les fonctions et le sens du processus de subversion ; ils ont abordé la plasticité des mythes subvertis et leur capacité à régénérer la littérature et les arts contemporains.

Aujourd’hui, une réflexion méthodique et définitive qui offre des critères quant à la subversion des mythes dans la culture contemporaine n’existe pas. Une étude, la plus large et exhaustive possible, capable d’apporter des solutions concrètes à cette question, était nécessaire. Sa mise en pratique nous a permis de comprendre une bonne partie de la littérature de la postmodernité et la culture de notre société. Le Colloque s’est caractérisé par son interdisciplinarité : des chercheurs en tous arts (peinture, sculpture, dessin, cinéma, musique, opéra et danse) ont proposé des communications qui ont montré la nature protéiforme du roman contemporain, complètement ouvert à tous les types de subversion artistique du mythe.

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